Ca fait maintenant quelques semaines qu'on en parle : la grippe porcine, euh pardon, la grippe mexicaine, euh non la grippe A. Décidément ce virus semble changer de nom plus vite qu'il ne mute, la faute sans doute aux différent lobbies (producteur de porc, tour operators, restaurants tex-mex...) qui voyaient d'un mauvais oeil le fait d'être associés à une maladie potentiellement mortelle et très contagieuse.
- D'abord pourquoi la grippe A ?
C'est simplement la classification scientifique du Myxovirus influenzae, pour lequel il existe 3 types A,B ou C. Avec cette dénomination plus de problème de lobbying, sauf peut-être celui des défenseurs de la lettre A, mais qui est resté silencieux pour l'instant...
En ce qui concerne les virus A et B, il possèdent entre autres deux glycoprotéines de surface (ne me demandez pas ce que c'est, je copie bêtement wikipedia), de l'hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N).
Chaque glycoprotéine peut elle-même avoir différentes formes, que l'on distingue par les appellations H1, H2, H3... et N1, N2, N3... Là on retrouve des noms qui nous sont familliers depuis la grippe aviaire il y a quelques années, dont le responsable était un certain virus H5N1.
Cette fois c'est le H1N1 qui est sous le feu des projecteurs, et on nous annonce une prochaine pandémie qui pourraient faire des millions de morts, dont 30 000 en France. Voir ici un extrait de l'interview d'Antoine Flahaut.
- Alors comment allons nous en arriver là alors que pour l'instant l'OMS en dénombre 65 sur toute la planète (dont 48 au Mexique) ?
Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que le virus H1N1 a déjà sévit dans le passé en 1918-1919 sous le nom de grippe espagnole, qui fut responsable selon les estimations de 40 à 80 millions de morts. La perspective d'une nouvelle pandémie fait évidemment peur à tout le monde, mais je ne pense pas qu'on puisse comparer l'Europe actuelle avec celle exangue de la première guerre mondiale, notamment sur la situation sanitaire et les moyens à disposition.
- Et donc en quoi cette grippe serait différente de celles qui nous touchent chaque hiver et pour lesquelle on rappelle brièvement au journal de 13h qu'il faut penser à se faire vacciner ?
Chaque année la grippe tue entre 1500 et 5000 personne en France, c'est beaucoup, autant que le nombre de tués sur les routes, mais les médias en parlent beaucoup moins. Ceux qui périssent sont avant tout des personnes fragilisées, puisqu'on ne meurt pas de la grippe (ou rarement) mais plutot d'une complication d'origine bactérienne, comme par exemple une pneumonie. De plus l'épidémie de grippe a lieu sous nos latitudes durant l'hiver, et donc l'arrivée de l'été sonne pour nous comme un sursis avant l'automne, qui sait où en sera alors la pandémie.
- Pourquoi alors en faire la une de tous les journaux ?
Pour maintenir la population dans la peur, l'instrument préféré du pouvoir dans les démocraties occidentales.
Rappelez-vous, ils ont déjà fait le coup avec la grippe aviaire, qu'on appelait au début "grippe du poulet" avant qu'elle change de nom (tiens, tiens, c'est bizarre...). On nous promettait à l'époque une terrible pandémie, le moindre pékin en Asie qui avait un rhume en travaillant près d'un poulailler se voyait propulsé par tous les médias comme un nouveau cas de contamination oiseau-homme. Le moindre cadavre d'oiseau migrateur en pleine campagne européenne faisait tout de suite la une des journaux, bref la France avait peur de la grande menace à plume. Et pour quel résultat ?
Aujourd'hui la grande menace s'est faite plumée au Mexique, est plutôt rouge là ou elle n'a pas mis de crème solaire, et a 40° de fièvre. Ca nous ressemble déjà un peu plus, mais les ficelles restent les mêmes, et ceux qui les tirent aussi : le gouvernement, les laboratoires Roche et leur tamiflu et tous ceux qui ont intérets à ce qu'on parle de ça au lieu de parler d'autre chose dans les journaux. Alors je ne souhaite à personne de contracter la grippe A, mais je terminerai par la chute d'une vieille blague "Revenez demain pour le B". Comprenne qui pourra.